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REGARDS CROISÉS
Il était huit heures ; j’étais en pleine forme. Quelque chose en moi me disait que la meilleure journée de ma vie venait de commencer, parce que mon corps n’était pas si fatigué qu’avant-hier soir et que je n’avais pas encore mal au dos… Je me suis mieux levé aujourd’hui.
Hier matin, j’avais une grande douleur qui ne me permettait ni de bouger ni de bien marcher... il avait plu la nuit précédente : une énorme grêle avait frappé le sol et mon carton était resté humide et mouillé. Voilà la raison de mon malaise le lendemain ! J’avais passé cette nuit-là dans un distributeur automatique qui est situé à côté d’où je dors d’habitude quand il fait beau ; j’avais très mal aux os et mon drap en carton était déjà complètement déchiré. Dehors, les gens couraient sous leurs parapluies. Quelques-uns y étaient entrés ; ils avaient croisé mon regard alors qu’ils retiraient leur argent. Après, ils en étaient sortis sans me regarder, sans me parler, sans rien dire…
Malgré tout, je suis heureux aujourd’hui dans un centre d’accueil : je pourrai y manger -trois repas chauds par jour, quand même-. C’est la première fois, depuis longtemps, que la pluie et l’humidité n’ont pas gelé mes os.
Je suis « SDF » : j’habite dans la rue.
MARGARITA ABARCA.
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